• Histoire 1, épisode 3 - Fragments

    Il est bientôt une heure, je ne dors pas. Mon corps est épuisé mais mon esprit en ébullition me maintient éveillée, ça fait des heures que je tourne en rond, vide mes cartons, remplie ma penderie, range mes fringues par couleur, m'occupe comme je peux. Maintenant je suis assise sur le rebord de ma fenêtre, une jambe dans le vide, et je contemple la nuit. La nuit m’apaisait avant, comme une vieille amie, comme si la vie se mettait en sourdine et tournait au ralentie. Tout me semblait doux et anonyme. Mais ça fait longtemps que la nuit ne m’apaise plus. C’est sensé être une nuit de pleine lune mais sa lueur a du mal à traverser l'épais manteau de nuages noirs. Le vent est froid mais j'ai l'impression de me consumer de chaleur. J'attrape du bout des doigts ma veste posée sur mon matelas et fouille mes poches pour en sortir mon paquet de clopes, je le secoue, il est vide. Je le regarde avec colère et remarque que la fine carte de visite noire que m’a donné plus tôt la jeune femme est restée collée au plastique. En soupirant je fais tourner le carton sombre entre mes doigts. Puis prenant ma décision je me dirige vers la penderie, ouvrant violemment les portes en grand. Je reste un moment à regarder mes fringues que je viens de ranger. Premier t-shirt, je l'enfile puis l'enlève, deuxième haut, pareil. Bientôt les vêtements se retrouvent tous au sol, tout autours de moi. J'en prend un le met, le garde une à deux minutes avant de me raviser et de le jeter par terre. Encore indécise et à moitié nue je me poque devant le miroir de la salle d'eau. J'attrape un vanity et vide son contenu dans le lavabo avant de consciencieusement m'étaler divers produit sur la tronche. Je recommence le même rituel obsessionnel: je matifie mon teint pâle, je colore mes lèvres, noircit un peu plus mes yeux, puis enlève tout à grand renfort de démaquillant avant de recommencer. J'attache mes cheveux, les détache. Tentant de devenir quelqu'un d'autre, jamais totalement satisfaite de ma transformation, je recommence.

     



    Je monte dans le dernier tramway. J'ai l'impression de me laisser entraîner et de me perdre dans le ventre torturé de la ville, presque coupée du monde par mes écouteurs criant un titre de Royal Blood : « YOU CAN BE SO CRUEL … CRUEL WORLD ! » et que j'arbore ostensiblement comme une levée de bouclier. Je remonte mon col et cache ma bouche dans mon écharpe, je regarde le sol pour ne pas croiser de regard. Mais même dans cette bulle que je m'efforce d'ériger me parviennent encore certains éclats de voix et quelques commentaires :

    ??? - Mates-moi ça !
    ??? - Pas mal, elle pourrait être mannequin.
    ??? - Aucune chance, t'as vu son cul ?
    ??? - N’empêche, je la ramènerai bien chez moi ... »

    C'est de moi dont ces trois idiots gominés et ivres-morts parlent ? Je continu à marquer le rythme de ma musique, m'économisant une longue et éreintante altercation qui s'avérerait complètement inutile. Je me contre-fous de ce genre de crétins qui se permettent de parler des femmes comme ils choisiraient une voiture : « Préféreriez vous la coupée sport ou le format familial ? Certains modèles ont du caractère mais d'autre seront plus facile à manier. Et votre choix pour la couleur ? Nous avons de nombreuses options susceptibles de vous intéresser, le client est roi. » Je retiens un rire. Jugez moi autant que vous voudrez. Après tout, j'en fais de même avec vous.

    Arrivée au bout de la ligne, je finis par m’échapper du tram bondé. Il pleut, je n'ai pas de parapluie. Je remonte une nouvelle fois le col de ma veste avant de disparaître dans la foule qui se bouscule hors du tramway. Je marche encore 20 minutes sur le boulevard en direction du sud. Je suis trempée jusqu'à l'os quand j'arrive devant le bar. « Chez Ed. ». Les vitres sont teintées et les grosses basses d'une soupe électro-danse semblent s’échapper du sol. Affichées sur la façade plusieurs pancarte colorées annoncent les heures de shows de strip-tease. Merde, c'est quoi ce plan encore … Un tout petit bout de papier froissé scotché au-dessus de la poignée précise que « le bar ne cherche plus de danseuse mais un serveur, sans expérience accepté si grosse motivation »  . Je soupire. Je ne suis pas vraiment motivée, restée enfermée toutes les nuits dans une salle sombre où de vieux pervers viennent matés des filles se dessaper sur du Gradur … Je ne suis pas sure de pouvoir le supporter ! Mais je n'ai pas d'autre plan; Et pour quelqu'un sans expérience et sans diplôme comme moi, je ne suis pas sûr qu'il y est mieux. C'est pas comme si je pouvais rester sans rien faire.

    Je perçois sous le capharnaüm de la musique et le grondement de la pluie battante, des éclats de voix en provenance de la ruelle attenant au bar. Encore des poivrots qui ne trouvent rien de mieux à faire que de se foutre sur la tronche ? J'avance la main vers la sonnette quand j'entends la voix d'une femme.

    ??? -  Mais puisque je vous dis que je ne suis pas danseuse !

    J’hésite, la main en suspend devant la sonnette. La femme parle de plus en plus fort, sa voix semble anxieuse.

    ??? - Bon, ça suffit! Je ne suis pas intéressée!

    Je me dirige vers la ruelle et jette un œil. Un groupe de 5 gars, plus louches que bourrés entourent une frêle jeune femme dont je ne distingue pas le visage. Ils lui bloquent le passage, l’empêchant d’atteindre la porte de service. L’un d’eux la retient fermement par le poignet. Malgré la situation elle semble tenir tête à ces types.

    ??? - Tu sais tu pourrais gagner le double si tu venais chez nous.

    Elle pousse un soupire excédé.

    ??? - Vous ne m’écoutez pas quand je vous parle?

    L’un d’eux la frôle de sa grosse main.

    ??? - Allez, viens avec nous. On a de quoi s’amuser tous ensemble.

    Elle repousse sa main violemment, sans un mot, le regard noir. Le type devient menaçant, s’élevant de toute sa hauteur au-dessus d’elle.

    ??? - Tu te prends pour qui salope ?

    Voyant son poing se lever je m’interpose, presque par réflexe. J'apparais soudainement entre elle et le poing qui reste en l'air. Le temps semble se figer. Personne ne m’a entendue arriver. Je regarde droit dans les yeux le type en face de moi quand j’entends dans mon dos la jeune femme s’agiter et murmurer.

    ??? - Léo…

    De surprise je me tourne vers elle et reconnais dans la pénombre les traits de la jeune femme qui m’est venue en aide plus tôt dans la journée. C’est quoi son nom déjà? Nina ? Ninon. Non, attend, plus important: Comment elle connait mon véritable prénom ? Juste derrière elle, le type qui lui tient fermement le bras a exactement la même réaction.

    ??? - Ah ! Boss, c’est la fille d’hier.

    Merde, c’est le type du « coffee.net » que j’ai amoché, tu parles d'une coïncidence... Un énorme bleu, assortie à sa chemise violette, s’étire de sa mâchoire inférieure à sa tempe. Il lance un regard nerveux à un homme qui se tient un peu à l'écart et que je n'avais pas remarqué. Il est le seul d’entre eux à porter un costume, bien coupé, probablement fait sur mesure. Il semble être le plus balaise des six. Pas forcément de carrure mais il dégage quelque chose de plus imposant. Il porte de fins gants en cuir, pas le genre de type à se salir les mains. Il me regarde fixement et un grand sourire froid s’étale sur son visage lorsqu’il s’adresse à moi d’une voix roque:

    Leader - Alors c’est toi qui s’amuse à humilier les hommes de German.

    Mais qu’est-ce-qu’il me raconte, je comprend rien. Merde, j’aurais du rester chez moi. Je pousse un soupire. Cette réaction inhabituelle semble rendre les hommes nerveux et ils commencent à m’encercler en beuglant - « Pour qui tu te prends », « On ne cherche pas les hommes de German », « Tu vas avoir affaire à  nous, fillette » - Blablabla, je n’écoute même plus. Toujours ces mêmes conneries que les grandes gueules ressortent pendant une baston. Ninon parvient à se dégager de l’étreinte du type qui la retenait et vient se placer entre moi et le type en costard comme pour me protéger.

    Ninon - Laissez-la tranquille ! Elle n’a rien à voir avec vous !

    Leader - Il aurait fallu apprendre à ta copine à rester à sa place.

    Un des hommes sort une lame d’un geste menaçant, Ninon recule d’un sursaut et je me place de nouveau devant elle, lui pressant furtivement le poignet. Je chuchote pour qu'elle seule puisse m'entendre :

    Léo - Dès que tu peux, tu te casse de là.

    Ninon - Quoi ?!

    Je couvre sa voix indignée en m’adressant directement au grand type en costard.

    Léo - Si vous laissez la fille partir, je veux bien jouer avec vous.

    Leader - Pour qu’elle aille prévenir quelqu’un ? Je vous en prie mesdames, soyez raisonnables.

    Un des types élance son bras vers elle pour la retenir. Je le saisis par la manche et d’un mouvement lui fais perdre l’équilibre. Il s’affale par terre dans un cris. Je pousse violemment la jeune femme dans le dos la projetant vers l'avenue éclairée.

    Léo - Barre toi de là !

    Ninon se précipite hors de la ruelle et je tente de la suivre. Je suis stoppée net dans mon élan par une poigne puissante qui me saisis par l’épaule et en un instant je suis projetée contre le mur. Mes pieds glissent sur le sol détrempé et je sens un poing se ficher dans le crépis juste au-dessus de mon crâne. Par réflexe, j’envoie valser le type d’un coup de pied dans le ventre et me redresse d’un bond pour m'enfuir. Je suis déjà encerclée. Celui que je viens d’envoyer balader, se relève en grognant et sort un flingue qu’il pointe nerveusement sur moi. Merde. Je les prenais pour des petits malfrats, mais ces types ... C'est du sérieux. Putain, mais quelle soirée de merde ! Le type en costard, qui n’a pas bougé d’un pouce depuis le début, claque ses mains très fort l’une contre l’autre en riant.

    Leader - Je le reconnais, t'es balaise. Tu me plais bien, petite. Malheureusement, plusieurs de mes associés semblent avoir des comptes personnels à régler avec toi

    Il écarte les bras d’un air désolé et les autres se précipitent sur moi. J’évite un premier coup, puis un deuxième. Je fais perdre l'équilibre à l’un d’eux qui m’entraîne dans sa chute, je lui fous ma tête dans la mâchoire et tente de me relever. Mais un premier coup de crosse de revolver m’atteint à l’omoplate, un coup de pied dans le ventre m’arrache un gémissement et je me retrouve sur le dos, retournée comme une crêpe, la vision brouillée par la douleur, la pluie et la poussière. Au-dessus de moi apparait une silhouette imposante qui pointe son flingue vers mon visage. Ah, à bout portant ... Pas sûre qu’il reste quelque chose de mon visage. Ça me réconforte un peu. J’entends à peine la voix profonde du type quand il me sort sa phrase d’adieu digne d’un mauvais film de gangster.

    Leader - C’est comme ça que le German règle ses comptes, petite.

    BANG !

    La rue est parcourue d’un flash de lumière. Mes yeux se ferment par réflexe. Est-ce-que je suis morte ? Si c'est ça, ce n'est pas si mal. Je ne ressens aucune douleur ...

    ??? - Arrêtez-ça!

    Deux hommes sortent en trombe par la porte de service du bar qui vient de claquer bruyamment contre le mur. J'aurais pourtant jurer qu'il s'agissait d'un coup de feu.

    ??? - J'ai prévenu la police ! Elle sera là d'ici quelques minutes !

    Le type fait claquer sa langue d'agacement et d’un geste du menton fait signe à ces acolytes qu'ils s'en vont. Les silhouettes disparaissent.

    ??? -  Mais qu'est-ce-qui t'as pris, putain !

    Je lève les yeux et aperçois le visage de Dan, arrêté à quelques mètres de moi, essoufflé et en colère. Bordel, je suis tellement soulagée que je suis obligée de fermer les yeux pour ne pas pleurer. Je reste là, étendue au sol. Sonnée et immobile. Dan soupire et s’approche de moi à grande enjambée. Reprenant soudainement conscience de ce qui se passe, je me relève en hurlant.

    Léo - N’APPROCHE PAS !

    On se fixe de loin pendant plusieurs longues secondes avant que je prenne mes jambes à mon cou. J'entends sa voix qui hurle dans mon dos.

    Dan - Pourquoi est-ce que tu fuis encore ? Léo!

     


     

    ATCHAA ! 

    Ah, je vais crever. J’ai du attraper une saloperie à gambader sous la pluie. Je me retourne sur le dos pour contempler le plafond, le matelas humide de sueur me colle à la peau. J’ai toujours été une mauvaise malade. Ça me rappelle trop de mauvais souvenirs … Putain, j’ai l’impression d’étouffer. Je veux sortir.

    Je ne me rappelle même plus comment je suis sortie de mon lit. Comme une veille habitude, mes pas me dirigent vers le grand parc de mon enfance. Je passe les majestueuses grilles rongées par la rouille. Mon corps est lourd et faible mais ma tête semble flotter, très loin, au dessus de mon corps. J’ai l’impression d’avancer dans un rêve brumeux. Je ressens tout ce qui m’entoure avec une nouvelle intensité: L’odeur acide des feuilles mortes gorgées de la pluie de la veille, le chant ahurissant du vent dans les arbres nus qui se mêle au rythme effréné des jets de la fontaine. Seul les assauts du froid ne semblent pas pouvoir m’atteindre. J’ai chaud, bon sang ! Je dessers mon écharpe qui m’empêche de respirer et me rapproche de l’étang. Je fixe, sans les voir, les canards qui glissent sur la surface verte de l'eau. J’essaye de reprendre mon souffle avec de grandes inspirations mais mes poumons ne font que s’empire d’un air surchargé de flotte. J’enfouis mes mains dans les poches de ma veste et sens quelque chose de froid dans le tissu molletonné. J’y crois pas … Je sais déjà ce que c’est avant même de le sortir. Je lève au niveau de mon visage les deux pendentifs d’enfant, se balançant au bout de la fine chaine d’argent. Le fermoir est cassé depuis mon mouvement d’humeur de la veille. Je les enferme dans mon poing. C’est quoi votre problème à la fin ? J’ai beau essayer de me débarrasser de vous, je vous retrouve toujours sur mon chemin ! Putain de souvenirs qui me collent aux basques comme une malédiction ! Je lève le bras haut au-dessus de ma tête et tente de les jeter dans l’étang. Mais ma main reste fermée, mon bras à mi-course. Pourquoi je n’y arrive pas ? Après plus de dix ans ça ne devrait même plus compter. Pourquoi je reste accrochée à un passé que je devrais vouloir oublier. La nostalgie, l’attachement, tous ces sentiments que je pensais avoir effacer à jamais et qui me donnent envie de vomir. Merde !

    Je remets soigneusement le collier dans ma poche et décide de rentrer. Quand je me retourne je me retrouve nez à nez avec une petite personne qui semble surgir comme dans un cauchemar et qui affiche un sourire triste.

    Ninon - Je pensais bien te croiser là.

    Comme dans un flash tout me revient. Ninon Sancharez … la grande sœur de Dan. Elle était souvent chargée de nous surveiller quand on était gosses. Maintenant que j’y pense elle n’a pas tellement changé … Comment est-ce que j’ai fait pour ne pas la reconnaitre ? Je tente de m’éloigner sans rien dire. Mais elle m’emboite le pas en débitant un flot ininterrompue de paroles.

    Ninon - Je voudrais que tu m'écoutes. S'il-te-plait, Léo! Ce parc, Je vous y amenais tous les trois quand vous étiez petits. Ça me faisait plaisir de vous voir jouer ensemble, vous étiez vraiment inséparables. Et au moins, quand tu étais avec nous, tu ..

    Je me retourne vers elle brusquement, je dois avoir l’air terrible car elle semble en perdre ses mots.

    Léo - J’accepte de t'écouter. Mais avant j'aimerai que tu m'accompagne quelque part.

    Ninon me regarde tristement et acquiesce comme si elle s’y attendait.

    Pendant de longues minutes on marche cote à cote sans rien se dire. On a quitté le parc par la sortie nord. On est toujours dans le même quartier mais les rues n’ont rien à voir avec celles de la partie sud. Ce sont de grandes avenues bordées d’arbres. Avec de grandes propriétés des années 50 dissimulées derrière de hautes grilles, figées dans une autre époque et qui ne vieillissent plus. Tout semble immobile, même le temps.

    On finit par s’arrêter devant d’immenses grilles. Contrairement aux autres celles-ci sont marquées par des années sans entretien, les gonds et la poignée sont rouillés, la peinture noire s’écaille par endroit et les mauvaises herbes ont envahies les murs et le pas de porte. Il n’y a plus de verrou mais une lourde chaine cadenassée scelle l’accès. On reste un moment à fixer les grilles sans rien faire ou dire, puis j’approche doucement la main vers le lourd cadenas comme si je voulais le saisir et l’arracher. Ninon me saisie la main.

    Ninon- Tu n'es pas encore prête à revenir ici.

    Léo - Qu'est-ce-que tu en sais ?

    Ninon - Si tu l'étais, tu serais venue seule.

    Elle a raison. J’arrache rageusement ma main de son emprise et à cette instant une puissante nausée me secoue tout le corps. Je perd un peu l’équilibre et plaque ma main contre ma bouche. J’ai du mal à respirer. Je me redresse péniblement et tourne les talons.

    Léo - Je rentre.

    Ninon - Ah, laisse-moi t’accompagner.

    Je ne répond pas et elle m’emboite de nouveau le pas, restant un peu en arrière. Je marche très vite mais chaque pas est un véritable calvaire. J’ai l’impression que je vais m’effondrer à tout instant. Arrivée dans le parc, j’accélère encore. Ninon a de plus en plus de mal à me suivre et fini aussi essoufflée que moi. Brusquement, elle élève une voix puissante, comme pour me retenir.

    Ninon - Désolée, mais notre rencontre n'était pas une coïncidence!

    Je continue ma route sans ralentir et lui répond froidement.

    Léo - Dan t'a dit que j'étais là.

    Ninon - Il n'en a pas eu besoin, je le savais avant lui.

    Léo - Depuis quand tu me surveille ?

    Ninon - … Ta première arrestation à New York.

    Je m’arrête brusquement. Ça doit faire 5 ans. Quand je repense à tout s'est passé durant ces 5 années … J’en ai des sueurs froides. J’ai l’impression que tout mon être se tord dans une silence affreux. Ninon continue à parler dans mon dos avec un débit ahurissant.

    Ninon - Je n'ai rien dit à Dan si ça peut te rassurer. Le connaissant il aurait pu sauter dans un avion pour te sortir de ce merdier et je ne te parle même pas de Tom. Ne m'en veux pas mais te retrouver a été une des raisons de mon choix de carrière.

    Léo - Pourquoi ?

    Ninon - Pour savoir ce que l'on me cachait, et parce que je refusais d'oublier comme on me demandait de faire. Et puis je ne supportais pas de le voir triste.

    Les phrases de Ninon me parviennent sans que je n’en comprenne le sens. Mais je n'ose pas demander plus d'explication. J’ai chaud, mon front et mon dos dégouline de sueur, ma vision se trouble. Je veux rentrer le plus vite possible mais mon corps refuse de m’obéir.

    Ninon - Léo, il faut que tu accepte de …

    Léo - Je ne peux pas

    Ninon - Pourquoi ? Parce que tu as fait quelques conneries de jeunesse ?

    Léo - C’est bien plus que quelques conneries

    Ninon - Tu es revenue, c'est que t'essaye de tourner la page, non ?

    Tout est flou devant moi. Mon dieu, qu'est-ce-que J’ai mal au crâne ! Je me tiens la tête dans les mains et continue à parler malgré moi.

    Léo - Je ne suis pas revenue, j'ai fui !

    Ninon - Fui ? Quoi ? Est-ce qu’il …

    Ninon s’arrête de parler d'un coup. Je ne vois plus rien, je suis perdue dans un monde d’ombres. J’ouvre la bouche mais aucun son n’en sort.

    Ninon - Léo, tu es sure que ça va ?

    Le sol se dérobe sous mes pieds. Ninon crie quelque chose que je ne comprend pas. Je n’entends plus que des éclats de voix indistincts, des bruits de pas étouffés, comme si quelqu’un me maintenait la tête sous l’eau. Et tout à coup, une voix distincte, douce et rassurante :

    ??? - Ça va aller. On va l'emmener chez moi.

     

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